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L'HEMATOLOGIE DU COBAYELe cobaye a été très utilisé en médecine expérimentale notamment en hématologie, ce qui explique le nombre considérable d’études existantes sur les éléments cellulaires de son sang et de sa moelle osseuse, ainsi que sur leurs propriétés physiologiques et leurs caractéristiques biochimiques.Les examens sanguins requièrent des techniques particulières de réalisation et ils s’avèrent utiles voire indispensables lors de l’examen clinique. En effet ils permettent :
Normes sanguines du cobaye : des spécificités par rapport aux autres rongeursLe sang du cobaye présente les caractéristiques générales de celui des autres rongeurs et d’une façon plus générale de celui des mammifères. Il se compose ainsi :
1. Hématologie : de nombreuses particularités sanguines chez le cobaye.Les paramètres hématologiques sont regroupés dans le tableaux I. Les valeurs peuvent varier considérablement selon les individus, leur état physiologique, les appareils utilisés mais aussi selon les auteurs. Les chiffres proposés tiennent compte des diverses données bibliographiques ainsi que de notre expérience personnelle. Par contre, il n’existe pas de différences significatives selon les différentes races et variétés de cobaye.
NB : il existe d’importantes variations selon les individus et selon les auteurs. Ces valeurs moyennes tiennent compte de celles fournies par la littérature et de notre expérience personnelle 1. 1.Hématies: plusieurs particularités chez le cobayeLes hématies ou érythrocytes sont rouges et anucléés (sans noyau), comme chez les autres mammifères. On retrouve chez le cobaye des normes comparables à celles du lapin , de l’octodon ou des carnivores domestiques.
1.2. LeucocytesLe taux et la répartition des leucocytes sont là aussi très variables selon les individus, les auteurs et les analyses effectuées. Les normes habituellement retenues se situent entre 7 x 10³ et 10 x 10³ leucocytes par mm³ de sang.La formule sanguine est inversée par rapport à celle des carnivores domestiques. On observe chez le cobaye, comme chez les autres rongeurs et chez le lapin, une prépondérance de la population lymphocytaire par rapport aux autres types cellulaires de la lignée blanche. Les lymphocytes représentent souvent la plus grande partie des leucocytes (50 à 80 voire 95 %). Les corps de Kürloff : une particularité du cobaye dans le monde animalLe cobaye se distingue des autres rongeurs par l’existence d’inclusions spécifiques dans certains leucocytes mononucléés. Ces inclusions appelées corps de Kürloff (décrites pour la première fois par Kürloff en 1889) sont rondes ou ovoïdes, de grande taille (1 à 8 microns de diamètre) et de nature polysaccharidique. Elles sont plus fréquentes chez la femelle que chez le mâle et leur signification est mal connue. Bien que quelques cellules proviennent du thymus, elles sont issues pour leur grande majorité de la rate et leur nombre augmente pendant la gestation dans les tissus placentaires sans se retrouver chez le fœtus. Leur nombre augmente aussi de façon significative lors de traitement oestrogénique exogène dans les deux sexes. Frottis sanguin de cobaye : hématies et corps de Kürloff dans un monocyte. Les corps de Kürloff semblent migrer préférentiellement vers le placenta chez la femelle gestante. On leur attribue un rôle de barrière physiologique, de protection de l’embryon contre les lymphocytes sensibilisés et les immunoglobulines d’origine maternelle. Mais on les retrouve également dans le lymphosarcome du cobaye. Leur étude reste à préciser. 1.3. ThrombocytesLe taux de thrombocytes est comparable à celui du lapin , des autres rongeurs Caviomorphes et des carnivoresCobaye, plaquettes, PNE ( polynucléaire éosinophile), X 1000 1.4. Autres caractères hématologiquesLe cobaye présente la encore de nombreuses particularités
1.5. Intérêt et limites de l’hématologieL’hématologie du cobaye se caractérise par une polyglobulie physiologique et une formule leucocytaire inversée. Les techniques de prélèvement s’avèrent souvent délicates et nécessitent une bonne contention, une tranquilisation voire une anesthésie. Un analyseur automatique permet de réaliser une hématologie courante. Les cobayes, comme les gerbilles, possèdent des spécificités hématologiques qu’il est utile de connaître pour éviter des interprétations erronées.L’intérêt de l’hématologie est globalement limité, du fait de la grande variabilité des paramètres. Cependant l’hématologie est intéressante pour diagnostiquer et quantifier une anémie, elle présente aussi des variations caractéristiques dans le lymphosarcome du cobaye (consulter la page). . La Biochimie2.1. Paramètres biochimiques : une glycémie élevée à ne pas interpréter comme un diabèteLes paramètres biochimiques sont indiqués dans le tableau II.Il existe une hyperglycémie physiologique, particulièrement marquée chez le cobaye (ainsi que le lapin, le chien de prairie et la souris). Il faut donc se garder d’un diagnostic trop hâtif de diabète sucré, une glycémie doit être considérée comme physiologique jusqu’à 2,5 g/l. Les constantes rénales (urée, créatinine), hépatiques (SGPT, PAL) et lipidiques (cholestérol, triglycérides) sont comparables à celles du chien et du chat. Le taux de protéines totales est globalement moins élevé que celui du chien et du chat, alors que le pourcentage d’albumine est plus élevé.
2.2 La biochimie : indipensable dans le diagnostic de l'insuffisance rénale et du diabète sucré, utile dans celui de la lipidose et de la cétoseLa biochimie est intéressante voire indispensable pour diagnostiquer en particulier :
II.Prélèvements de sangMatériel de prélèvementLa quantité de sang prélevé sera le plus souvent faible. Le sang est déposé dans des mini-tubes ou sur des microcapillaires de 125 µl pour de plus petits volumes.Il existe différents types de tubes dont la couleur est définie par un code international :
Un frottis sanguin peut être réalisé lorsque le prélèvement se limite à quelques gouttes de sang. Il permet d’effectuer, après coloration au RAL ou de préférence au May-Grunwald-Giemsa, une étude qualitative de la formule sanguine, un comptage manuel (cellule de Malassez), mais aussi d’apprécier les spécificités hématologiques (corps de Kürloff du cobaye,….). Les hématies sont comptabilisés sur une cellule de Malassez après dilution dans un volume donné de liquide Marcano (sulfate de sodium, formol) ou d’autres milieux spéciaux. Les vapeurs de formol peuvent donner une coloration anormalement jaune au frottis Nous utilisons en générale une aiguille orange 16 mm x 5/10 (25 G x 5/8) montée sur une seringue de 1 ml, quelque soit l’espèce et le lieu de ponction utilisé. Les aiguilles plus fines marron de 0,45x12 mm sont à déconseillées car elles entraînent une coagulation prématurée du sang. Techniques de prélèvementLe prélèvement de sang chez le cobaye n’est pas facile. La contention est très importante : elle doit être douce et efficace sans être stressante. Une contention drastique peut entraîner la mort par arrêt cardiaque. Dans la plupart des cas une anesthésie de courte durée (anesthésie flash à l’isoflurane ou au sepvoflurane) est vivement conseillée, elle est même indispensable chez d’autres espèces (Myomorphes, écureuil de Corée, chien de prairie). Le prélèvement à la veine jugulaire est le meilleur chez le cobaye. Il nécessite de préférence une tonte de la zone de ponction, surtout sur l’animal à fourrure abondante ou trop gras. La veine jugulaire se situe en position superficielle, en arrière de l’angle mandibulaire, elle est plus haute par rapport à la position qu’elle occupe chez les carnivores domestiques. Prélèvement de sang à la veine jugulaire La ponction de la veine cave antérieure permet d’obtenir de bonnes quantités de sang. Elle est réalisée sur l’animal anesthésié en décubitus dorsal. Une aiguille 25 mm x 6/10 (bleue) ou 25 mm x 8/10 (verte) est introduite dans la dépression située en avant de la première côte, à droite ou à gauche du manubrium sternal, inclinée à 45 ° et dirigée vers l’articulation coxofémorale contro-latérale Prélèvement de sang à la veine cave antérieure Le prélèvement à la veine céphalique est relativement simple à effectuer chez le lapin et le chien de prairie, mais il ne permet de recueillir qu’une faible quantité de sang chez le cobaye. La ponction cardiaque est dangereuse et doit être évitée dans l’exercice libéral car elle peut entraîner la mort de l’animal. La ponction du plexus veineux rétrobulbaire est intéressante chez le cobaye (animal particulièrement gras chez lequel le prélèvement de sang est difficile), mais aussi chez le chinchilla, le hamster et l’écureuil de Corée. Elle s’effectue sur un patient anesthésié, à l’aide d’un tube capillaire hépariné stérile en verre ou d’un tuyau en polyéthylène. On comprime la veine jugulaire en arrière de la mandibule avec le pouce et on relève la paupière supérieure avec l’index pour créer une légère exophtalmie. La ponction s’effectue alors à l’angle interne de l’œil. Le tube est introduit horizontalement puis incliné de 45 degrés vers l’arrière. La compression jugulaire doit être relâchée dès que le sang monte dans le tube, sous peine de risquer un choc hypovolémique mortel, notamment chez les petits sujets . On peut ainsi recueillir quelques dizaines de millilitres de sang chez les Myomorphes , un voire trois millilitres chez le chinchilla. L’œil et la santé de l’animal ne semblent pas affectés si on opère sur des animaux correctement anesthésiés. Pour la réalisation d’un frottis sanguin ou d’une biochimie simple (glycémie ou urémie sur bandelette), une goutte de sang peut être prélevée par une petite incision cutanée en regard d’une veine de l’oreille Les principaux sites de prélèvement selon les espèces sont indiqués dans le tableau n° III.
** exercer après ponction une pression modérée sur l’œil fermé pour éviter une hémorragie + sites de prélèvement à privilégier III Conclusion. Le cobaye possède des spécificités hématologiques qu’il est utile de connaître pour éviter des interprétations erronées. L’intérêt clinique de l’hématologie chez est limité du fait même de la grande variabilité des paramètres, à l’exception du lymphosarcome et des états d’anémie.Mise à part l’hyperglycémie physiologique, les paramètres biochimiques sont comparables à ceux du chien et du chat. L’intérêt de la biochimie réside surtout dans le diagnostic des insuffisances rénales et hépatiques. Le Dr Boussarie enseigne l’hématologie des NAC dans le cadre du Certificat d’Etudes Supérieures d'Hématologie à L’Ecole Vétérinaire de Toulouse |
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