Qu’est-ce que l’urolithiase ?
C’est une affection urinaire caractérisée par la présence de cristaux ou de calculs dans les voies urinaires. Les cristaux sont présents dans la vessie et éventuellement dans l’urètre, les calculs peuvent se localiser sur l’ensemble du tractus urinaire : reins, uretères, vessie, urètre.
Quels sont les caractères de l’urine chez le cobaye ?
Paramètres urinaires du cobaye (d’après Boussarie, 2010; Carpenter, 2013)
Volume des urines émises | 20-25 ml/24 heures |
Densité moyenne | 1,015 |
limites (réfractomètre) | 1,005-1,050 |
limites (bandelette réactive) | 1,000-1,025 |
pH | 7,5-8,5 |
Couleur | variable selon l’alimentation, trouble et laiteuse |
Sucre | traces |
Protéines | 5,25 g/litre d’urine |
Albumine | traces |
Cristaux | surtout des oxalates de calcium (monohydrate et dihydrate) plus rarement des cristaux de calcite (carbonate de calcium),phosphates tricalciques, phosphates ammoniaco-magnésiens (PAM, struvite)
|
Cellules épithéliales | absentes ou rares |
Cylindres urinaires | absents ou rares |
Bactéries | absentes ou rares |
Leucocytes et hématies | occasionnels |
Parasites éventuels | kystes de Klossiela sp. |
A quoi est-elle due ?
L’urolithiase est favorisée chez le cochon d’Inde
par un pH urinaire très alcalin et une
haute teneur des urines en minéraux
L’urolithiase est la
cause ou la conséquence d’une cystite bactérienne (surtout due à
Streptococcus pyogenes, mais aussi à des coliformes fecaux dont
Escherichia coli, Proteus mirabilis, ainsi qu’à des
staphylocoques)
Les cystites sont les inflammations de la vessie. Elles peuvent être d’origine bactérienne, mais également d’origine obstructive. On distingue en effet chez le cobaye :
Bouchon urétral de sable urinaire aggloméré obstruant l'extrémité du pénis.
Les cystites bactériennes
Les facteurs prédisposants sont représentés par :
chez la femelle : un périnée court, une atonie vésicale postpartum (après la mise-bas), une glucosurie (présence de sucre dans les urines)
chez le mâle : une obstruction partielle ou totale de l’urètre par des sécrétions coagulées issues des vésicules séminales (qui participent à la composition du liquide spermatique) ou par des calculs
Cystotomie sur un cobaye présentant un gros calcul vésical. La paroi vésicale est incisée avant extraction du calcul.
cystotomie-extraction-calcul-vesical.jpg
les cystites obstructives :
Une urolithiase peut être la cause de cystite par un effet irritatif provoqué par les cristaux ou les calculs
La présence de cristaux d’oxalate, de calcite ou de phosphates ammoniaco-magnésiens est physiologique chez le cobaye. Cette présence est modérée dans les conditions physiologiques et elle ne génère pas d’infection et pas de douleur particulière à la miction.
Des calculs peuvent se former en cas d’insuffisance d’abreuvement ou d’un excès de calcium alimentaire (en pratique un excès de luzerne, de granulés ou de compléments minéralo-vitaminés)
Les calculs sont surtout fréquents chez les femelles de plus de 3 ans, mais ils peuvent tout aussi bien se rencontrer chez les mâles ou chez les femelles plus jeunes à partir de 2 ans.
Cristaux d'oxalates de calcium anhydre et monohydrate. Ces cristaux ont tendance à fusionner deux par deux ou en groupes plus compacts.
En résumé, l’urolithiase peut être :
primaire : par hypercristallurie (apport excessif en calcium et en magnésium)
secondaire : à une infection urinaire avec des amas de bactéries uréolytiques qui centralisent la minéralisation (l’enzyme appelée uréase entraine la précipitation de calcite)
Sous l’action des uréases bactériennes (sécrétées notamment par Escherichia coli ou Proteus sp.), l’urée urinaire est transformée en ammoniac (NH3 puis NH4 -) et en gaz carbonique (CO2). Les ions NH4 – provoquent une alcalinisation des urines et le gaz carbonique précipite en carbonates.
Quels sont les signes cliniques qui doivent alerter ?
apathie, strangurie (miction difficile et douloureuse), position en boule, anorexie,
hématurie (présence de sang dans les urines).
les obstructions urétrales très douloureuses sont à l’origine de cris à chaque miction. Ces cris sont souvent attribués à tort à des efforts de défécation car les crottes sont émises en même temps que les urines chez le cochon d’Inde.
L’hématurie est facultative. Elle s’observe aussi (et d’ailleurs davantage) dans les affections génitales (tumeur utérine, tumeur ovarienne)
L’analyse des calculs doit se faire de préférence par diffractométrie (la spectrométrie ne détermine que la composition chimique, mais pas la structure)
Cobaye 5 ans : calcul vésical associé à un état de calcinose généralisée (sternum, jonctions chondro-costales, articulations de la hanche et du grasset)
Pourquoi les urines de mon cochon d'Inde sont-elles blanches ?
Il peut il y avoir deux causes :
les urines peuvent être chargées de cristaux en suspensions (urolithiase)
les urines peuvent être blanches surtout en fin de miction. Cet aspect laiteux est dû à des coagulats d'origine organique. Ceci est par contre physiologique chez le cochon d'Inde, tributaire de l'alimentation ou de la quantité d'eau absorbée
Comment assurer le diagnostic ?
Le diagnostic est réalisé par le vétérinaire traitant
- examen général du cobaye : contrôle du poids, prise de la température, auscultation,…
- examen des urines : mesure de la densité urinaire, mesure du pH, des protéines urinaires, recherche de sang, de sucre, de nitrites, de leucocytes
- examen des cristaux au microscope
- les oxalates, les plus fréquents, se présentent sous deux aspects : les monohydrates ont une forme d’haltères (ou d’osselets), les dihydrates un aspect d’enveloppe ou de petite pyramide très aplatie
- les carbonates ont un aspect variable selon leur taille. Les petits cristaux sont ronds, ovoïdes, ou bilobés ou en haltères (confusion possible avec les oxalates monohydrates, la différenciation ne peut se faire que par diffractométrie). Les grands sont sphéroïdes, de couleur brun-jaune, avec des striations radiales.
- les struvites (PAM) ont un aspect de couvercles de cercueils
- radiographies abdominales (de préférence numériques) pour visualiser les voies urinaires : les cristaux et les calculs sont tous radio-opaques. Ils se localisent surtout dans la vessie et l’urètre, plus rarement dans les reins, les uretères, le vagin, les vésicules séminales
- échographie des reins et des uretères : elle permet de mettre en évidence les déformations rénales, les calculs de la cavité pyélique (cavité au centre du rein), les lésions d’hydronéphrose (distension du rein par du liquide urinaire) ou d’hydro-uretère (distenstion de l’uretère par de l’urine). Par contre, elle ne donne pas une vue d’ensemble du tractus urinaire ou de lésions éventuelles de calcinose. De bonnes radiographies sont préférables en première intention à une échographie.
- par d’autres examens plus sophistiqués : scanner (uroscan), résonnance magnétique, urographie intraveineuse
Quel est le traitement ?
Traitement chirurgical
Cystotomie sur un cobaye présentant un gros calcul vésical. La paroi vésicale est incisée avant extraction du calcul.
Il est indispensable d’établir un bilan de santé global avant d’intervenir chirurgicalement sur des calculs:
radiographies (visualisation des calculs ou des cristaux, présence ou non d’un arrêt de transit) y compris le jour de l’intervention (les calculs peuvent migrer)
examen des urines (recherche de corps cétoniques, pH, densité, protéinurie, hématies)
examen sanguin (urée, créatinine, protéines totales, hématocrite)
L’échographie n’apporte pas de renseignements intéressants, comparativement à de bonnes radiographies numériques abdominales, face et profil.
Le traitement chirurgical s’impose en cas d’urolithiase obstructive, liée à la présence de calculs dans les voies urinaires. On réalise alors une extraction du ou des calculs par une intervention, selon chaque cas, au niveau de la vessie (cystotomie), de l’urètre (urétrostomie) et même si nécessaire au niveau des uretères (urétérostomie) ou des reins (néphrotomie)
Le traitement médical doit systématiquement accompagner une intervention chirurgicale. Il est aussi mis en œuvre lorsque la chirurgie ne se justifie pas. Le vétérinaire est seul juge du traitement prescrit sur sa seule responsabilité
antibiothérapie : les quinolones sont les plus indiquées
anti-inflammatoires, régulateurs du transit digestif
analgésiques
vitamine C en quantité modérée
Traitement médical
Ce traitement permet de
traiter médicalement une urolithiase
prévenir l’urolithiase
prévenir les récidives après une intervention chirurgicale
Il faut impérativement et avant toute chose revoir l’alimentation :
supprimer totalement les granulés complets et les mélanges complets
exclure les aliments riches en calcium (foin de luzerne, granulés de luzerne, betteraves)
éviter les aliments riches en oxalates ou ne les donner qu’en petite quantité : certains légumes (épinards, persil, céleri boule, oseille, asperges), certains fruits (fraises, pastèque, fruits exotiques)
Consulter la liste des légumes fruits et verdure
éviter la vitamine C en trop grande quantité(mais une supplémentation de 25 à 50 mg/j ne semble pas entraîner d’oxalurie)
Fournir une eau de boisson adaptée, légère, pauvre en calcium et en magnésium. L’eau de la ville est souvent chargée en calcium (30 à 120 mg/Litre). Certaines eaux minérales sont très chargées en calcium (Contrexéville, Hépar). L’eau de source Mont Roucous, facilement disponible dans le commerce, est une des meilleures meilleure (1,2 mg de calcium/Litre)
. L'eau filtrée convient également.
Quels sont les legumes / verdure à privilégier ?
D'une façons générale,
les légumes riches en eau : tout d'abord courgette et concombre mais aussi salades, endives ( 2 à 3 fois par semaines en quantité modérée. ) , céleri branche, aubergine, fenouil, pissenlit, herbe, ...
A compléter avec les légumes nutritifs et un peu de flocons d'avoine.
Il faut
éviter les légumes ou plantes riches en oxalates, très riches en calcium, ou avec un mauvais rapport phosphocalcique .
Teneur en calcium des principales eaux minérales disponibles dans le commerce.
Les eaux très riches en calcium (Vittel et surtout Hépar) sont déconseillées.
Les eaux à faible teneur en calcium (Volvic et surtout Mont Roucous) sont
à privilégier.
Teneur en calcium des principales eaux minérales disponibles dans le commerce.
Eau minérale | Teneur en calcium en mg/Litre |
Volvic | 10 |
Evian | 78 |
Perrier | 150 |
Eau de la ville | 30 à 120 |
Badoit | 190 |
Vittel | 203,80 |
Contrexéville | 451 |
Hépar | 600 |
Cristalline | 39 à 67 |
Mont Roucous | 1,2 |