Partager

Les gales et pseudogales chez le cochon d'Inde

par le Dr BOUSSARIE

Les gales du cochon d'Inde

Les gales, d’une façon générale, sont dues à des acariens parasites dont la femelle creuse des galeries dans l’épiderme cutané, afin d’y pondre ses œufs. Elles sont génératrices de lésions cutanées étendues, avec atteinte de l’état général et un prurit marqué.

La gale du cobaye à Trixacarus caviae

Trixacarus caviae est l’agent de la gale la plus fréquente chez le cobaye et il est spécifique à cette espèce.

Epidémiologie

Trixacarus caviae est un acarien de petite taille globuleux (femelle 170 µ x 125 µ ; mâle 130 µ x 110 µ), plus petit que Sarcoptes scabiei (l’agent de la gale sarcoptique). Il est assez fréquent chez le jeune cobaye issu d’animalerie.

Les parasites peuvent être présents longtemps sans signes cliniques, mais ils se multiplient à la faveur d’un stress ou d’un état de moindre résistance (parasitisme, hypovitaminose C, mauvaise hygiène, surpopulation, gestation, alimentation défectueuse).

Responsive image
Trixacarus caviae
Photo adulte et oeufs  Trixacarus caviae
Adulte et œufs (Laboratoire Bayer)

La contamination est directe, par les autres cobayes.
Cette affection est très contagieuse entre cobayes, les jeunes sujets y sont particulièrement sensibles.

La gale à Trixacarus caviae est une zoonose (maladie transmissible de l'animal à l'homme ).

Symptômes de la gale à Trixacarus caviae chez le cobaye

Les jeunes cobayes sont beaucoup plus sensibles.

Le prurit (démangeaisons) est d’abord intense puis modéré.

Les lésions débutent sur la tête (face, chanfrein, oreilles), elles s’étendent au cou, puis à la moitié inférieure du corps (abdomen, face interne des cuisses).

Ces lésions sont alopéciques et érythémateuses, puis squamo-croûteuses, voire suppurées. Dans les cas plus avancés, on peut observer une lichénification (transformation ou évolution d'une dermatose préexistante) et une hyperpigmentation de la peau.

Responsive image
Photo 1 : GALE DU COBAYE à Trixacarus caviae. Lésions érythémateuses et squamo-croûteuses sur l’abdomen (Photos D. Boussarie)
Responsive image
Photo 2 : GALE DU COBAYE à Trixacarus caviae. Lésions érythémateuses et squamo-croûteuses sur l’abdomen (Photos D. Boussarie)
Responsive image
Photo 3 : GALE DU COBAYE à Trixacarus caviae. Lésions squameuses très étendues sur la tête.
Parallèlement des signes généraux peuvent apparaître: apathie, anorexie, amaigrissement. La dégradation de l’état général peut déboucher vers la mort du sujet par septicémie ou insuffisance rénale. Sans traitement, l’évolution est donc très défavorable, mais heureusement le traitement est pleinement efficace.
teigne et gale sur un cochon d'Inde
Teigne (Trichophyton mentagrophytes) et gale (Trixacarus caviae) associées sur un jeune cobaye d’animalerie.

Chez l'Homme


La contamination humaine est fréquente. Trixacarus caviae est l’agent chez l’homme, d’une gale appelée prurigo galeux. Il s’agit d’une dermatose prurigineuse au cours de laquelle des papules (boutons) apparaissent sur le cou, les bras et les jambes. Des lésions de grattage peuvent ensuite se développer. Il n’existe pas de contamination inter humaine connue et l’évolution est globalement favorable

Traitement


Il repose sur l’utilisation d’acaricides, dont certains sont potentiellement toxiques chez le cobaye. Les traitements topiques sont aujourd’hui obsolètes et déconseillés. Seul le vétérinaire est habilité à prescrire un traitement efficace et non toxique. Les produits ne peuvent être délivrés que sur ordonnance du vétérinaire à l’issue d’une consultation, ils ne peuvent pas être délivrés au comptoir.

La gale sarcoptique

L’agent responsable est Sarcoptes scabiei.

photo du parasite Sarcoptes scabiei
Sarcoptes scabiei

La gale sarcoptique est plus rare et plus contagieuse que la gale à Trixacarus caviae. Elle en reproduit le tableau clinique. Elle peut s’observer chez le cobaye, mais également chez le lapin, le chien de prairie, le hamster, la souris et éventuellement les autres espèces de rongeurs. Les acaricides systémiques en constituent le traitement.
gale sarcoptes scabei
Photo 1 : GALE à Sarcoptes scabiei sur un cochon d'Inde
gale sarcoptes scabei
Photo 2 : GALE à Sarcoptes scabiei sur un cochon d'Inde

Chez l’homme.


Les sarcoptes des rongeurs (y compris ceux des cobayes) ne survivent pas sur la peau humaine et ils meurent rapidement. Ils peuvent néanmoins être à l’origine d’un prurit fugace accompagné de lésions de grattage parfois surinfectées.

Les plus fréquentes sont dues à Chirodiscoïdes caviae qui est propre au cobaye et Cheyletiella parasitivorax qui est généralement un parasite du lapin, mais peut se trouver sur le cobaye. Ces acariens vivent accrochés à la base du poil où ils fixent leurs oeufs. Leur cycle de vie se déroule en totalité sur l’hôte. Celui-ci peut durer jusqu’à 35 jours.

Les lésions sont moins sévères et surtout localisées et non pas étendues, le prurit est généralement modéré. Les pseudo gales sont plus fréquentes chez les jeunes, et favorisées par de mauvaises conditions d’hygiène ou par un état d’une immunodépression. Elles sont très contagieuses.

La cheyletiellose

La cheyletiellose s’observe surtout chez le lapin, mais elle peut aussi s’observer beaucoup plus rarement chez le cobaye.

Cheyletiella parasitivorax
Cheyletiella parasitivorax.

Epidémiologie

Cheyletiella parasitivorax.

L’agent responsable est un acarien trombidiforme appelé Cheyletiella parasitivorax. Cet acarien agressif se nourrit de kératine, de débris cutanés ou d’autres parasites (notamment Leporacarus gibbus chez le lapin). Le parasite effectue l’ensemble de son cycle sur le cobaye (ou le lapin). Les œufs sont pondus à la base des poils et ils peuvent se retrouver libres sur la peau ou dans le pelage.

Symptômes

La cheyletiellose occasionne un prurit sévère accompagné d’un squamosis (production de pellicules) très important, très évocateur du diagnostic, et parfois de lésions alopéciques et érythémateuses.

Diagnostic

La mise en évidence des Cheyletiella est facile par l’examen au microscope des squames obtenues par brossage des produits de raclage cutané ou à partir de « scotch-test ».

Traitement

Le traitement est efficace et facile avec les acaricides. Mais attention !!! certains acaricides en topiques ou en sprays sont toxiques chez le cobaye (et le lapin). Le vétérinaire est seul juge.

Chez l’homme

Cheyletiella parasitivorax peut provoquer aussi un prurigo galeux. Cette dermatose se traduit par un prurit persistant, parfois intense, accompagné de lésions érythémateuses et excoriatives au niveau des zones de peau exposées.

Les pseudogales chez le cochon d'Inde

La pseudogale à Chirodiscoïdes caviae

photo ChirodiscoÏdes caviae
Cheyletiella parasitivorax.
PSEUDOGALE à ChirodiscoÏdes caviae
PSEUDOGALE à ChirodiscoÏdes caviae Lésions croûteuses disséminées sur le corps
PSEUDOGALE à ChirodiscoÏdes caviae
PSEUDOGALE à ChirodiscoÏdes caviae Lésions croûteuses disséminées sur le corps


Chirodiscoïdes caviae est un acarien astigmate de la famille des Listrophoridae. Il est spécifique du cobaye.
Il s’agit d’un parasite plus fréquemment observé aujourd’hui. Il effectue l’ensemble de son cycle sur le pelage, fermement fixé aux poils.
Les parasites sont de forme allongée (330 X 500 μ), avec un rostre triangulaire et une partie antérieure très sclérifiée et adaptée à la fixation au poil. Les pattes antérieures sont retournées en crochet, ce qui facilite la fixation. Les œufs sont allongés, pourvus d’un pôle pointu et fixés sur le quart distal des poils. Il y a 3 stades larvaires.
Le mode de contamination est direct par le biais de cobayes.
 chirodiscoides caviae Adulte mâle vue dorsale
Adulte mâle vue dorsale
chirodiscoides caviae Adulte femelle vue ventrale
Adulte femelle vue ventrale
chirodiscoides caviae Adulte femelle vue latérale
Adulte femelle vue latérale
Œuf allongé fixé à un poil
Œuf allongé fixé à un poil

Comment reconnaître la pseudogale à Chirodiscoïdes caviae?


L’infestation est le plus souvent asymptomatique, mis à part un prurit. Lors d’infestation faible, le prurit est discret. Lors d’infestation plus importante, il est plus marqué mais reste plus faible qu’avec Trixacarus caviae. On observe alors des pertes de poils diffuses ou ds lésions consécutives au grattage, érythémateuses et squameuses, siégeant principalement dans les régions scapulaires, lombosacrée, les faces latérales des membres pelviens, les faces latérales du thorax et du cou.
Une dermatose parasitaire associée (gale à Trixacarus caviae, dermatophytose à Trichophyton mentagrophytes, phtiriose) est possible surtout si le cobaye est jeune et en mauvais état général, et elle doit être systématiquement recherchée.

Autres gales et pseudogales


Pour être complet à propos des acariens, il faut rajouter trois parasitoses : la démodécie et les infestations à Myocoptes musculinus et Dermanyssus gallinae.
  • La démodécie à Demodex caviae est rare chez le cochon d’Inde. Alors que les autres démodex se retrouvent dans les follicule pileux, il se différencie par sa seule présence dans le tissu musculaire de la conjonctive. Sa taille varie de 138 à 165 µm de longueur sur 65 à 69 µm de largeur.
    Les lésions consistent en des dépilations érythémateuses, squameuses et parfois croûteuses au niveau du tronc et des membres.
    Le diagnostic est confirmé par des raclages cutanés

  • Mycocoptes musculinus est un parasite habituellement rencontré chez le rat et la souris. Il peut occasionnellement infester le cobaye.

  • Mycocoptes musculinus

  • Dermanyssus gallinae ou « poux rouge » est principalement comme son nom l’indique un parasite des volailles. Mais il peut occasionnellement infester les cobayes si des poules et autres volaille sont présents dans l’environnement


  • © Dr Didier Boussarie - CobayesClub