Par le Docteur Didier Boussarie Vétérinaire, consultant Nac exclusif
Article extrait du n°10, mis en ligne avec l'aimable autorisation de notre partenaire, le magazine Animal Santé & Bien-être
Petits mammifères, oiseaux, ou reptiles sont des animaux très sensibles, chez lesquels l'anesthésie est souvent difficile à réaliser.
Pour eux aussi, les règles de bonne pratique de l'anesthésie sont de rigueur.
Avant l'anesthésie
Avant une intervention nécessitant une
anesthésie générale, il est important
d'amener les animaux chez le vétérinaire
dans de bonnes conditions.
En effet, un
état de stress peut avoir des répercussions
néfastes sur lebon déroulement de l'anesthésie.
Comme le souligne le docteur
vétérinaire Didier Boussarie, consultant
exclusif Nac, "ils doivent être amenés de
préférence dans leur cage avec leurs accessoires
(biberon, gamelle, foin, litière, etc.),
de façon à ce qu'ils soient le moins stressés
possible et qu'ils ne se retrouvent pas avec
des choses dont ils n'ont pas l'habitude". Il
est d'ailleurs préférable de faire hospitaliser
son animal la veille au soir,pour éviter
le stress du transport.
Contrairement au chien, au chat et au
cheval, la diète n'est pas indispensable
chez les petits mammifères, pour certains,
elle est même dangereuse : "pour
les petits rongeurs, il n 'y a pas de diète
du tout. Pour le lapin, le furet et les gros
rongeurs, une diète très courte de deux à
trois heures est recommandée. Si la diète
est trop prolongée, on risque une hypoglycémie
(baisse du taux de sucre dans
le sang), mais aussi un arrêt du transit
digestif', précise de Docteur Boussarie.
La diète n'est pas nécessaire non plus
pour les petits oiseaux. Pour les gros
perroquets, une diète de quelques
heures est conseillée. Les reptiles en
revanche sont misà la diète de préférence
une douzaine d'heures.
Dans la mesure du possible, les anesthésies
gazeuses sont privilégiées: "ces
produits sont plus sûrs d'emploi et ils
ont l'avantage d'être éliminés très vite.
Ce sont des anesthésies par ailleurs plus
facilement modulables ,.on peut mesurer
la profondeur et la durée de l'anesthésie
sans créer une toxicité cumulative. Avec
des produits injectables, si on est obligé
d'en réinjecter à plusieurs reprises, on risque
cette toxicité cumulative", explique
le Docteur Boussarie.
Anesthésie gazeuse sur un iguane, un cochon d'Inde et un ara hyacinthe
L'intubation trachéale est également préférable
à chaque fois que cela est possible,
pour plusieurs raisons : cela permet
d'assurer
une assistance respiratoire dans
de bonnes conditions en cas d'apnée
(arrêt respiratoire), on évite également
une déperdition de gaz et d'oxygène
(le masque est plus ou moins étanche).
Enfin, l'intubation permet de connecter
des appareils de monitoring. "Il est très
important que les animaux soient monitorisés
: surveillance de la fréquence cardiaque
et de la fréquence respiratoire, poursuit
le Docteur Boussarie, mais aussi de la
température: les animaux ne doivent pas
se refroidir pendant l'intervention. "
Après l'anesthésie
Les animaux doivent être réalimentés le plus rapidement possible, le jour même
de l'intervention: "plus vite ils remangent,
moins il y a de complications", indique le
Docteur Boussarie.
Si les petits mammifères refusent de manger,
la solution du gavage s'impose soit à
l'aide d'une seringue, soit avec une sonde
nasogastrique, introduite dans les narines
et poussée jusque dans l'estomac (pour
cela, l'animal reste en hospitalisation).
Le gavage des oiseaux qui ne s'alimentent
pas eux-mêmes s'effectue avec des sondes
de gavage pour oiseaux permettant
d'administrer directement la solution de
gavage dans le jabot.
Cochon d'Inde et iguane au réveil.
Après l'intervention, les animaux sont
placés dans une pièce chauffée au calme.
C'est une condition très importante, en
particulier pour les reptiles dont la température
corporelle dépend directement
de la température ambiante. Il convient
donc de les placer dans une température
qui puisse leur permettre de retrouver ce
qu'on appelle la température moyenne
préférée, de façon à ce qu'ils se réveillent
correctement.
Les risques de l'anesthésie
Le risque principal est l'hypothermie
(baisse de la température corporelle). En
effet, l'anesthésie est un facteur d'hypothermie
pour les Nac ; "il y a beaucoup
d'accidents anesthésiques dus au fait que
les animaux se refroidissent pendant l'intervention
et ne récupèrent pas" , précise le
Docteur Boussarie. Des mesures seront
prises : tapis chauffants, bouillottes, etc.
Après l'intervention, les animaux sont
maintenus dans un enveloppement chaud,
des serviettes par exemple. "À la fin d'une
intervention chirurgicale, il est courant
que la température corporelle des petits
mammifères baisse jusqu'à 32-33°C. Cela
est réversible assez rapidement si on fait
ce qu'il faut. Mais si la température
corporelle ne remonte pas dans lajoumée,
l'avenir de l'animal est considérablement
compromis".
Les autres risques sont une apnée (arrêt respiratoire) prévenue par une bonne
oxygénation de l'animal, et une défaillance cardiaque, souvent brutale et
dramatique. Sur des animaux présentant un facteur de risque anesthésique, par
exemple s'ils sont âgés ou souffrent d'une maladie rénale chronique, un examen
clinique ainsi que des bilans de santé pré-opératoires (sanguins et urinaires)
sont de rigueur. Selon le Docteur Boussarie, "on peut opérer un animal âgé sans
risque particulier à condition de prendre toutes les précautions. La réussite de
l'anesthésie ne dépend pas de l'âge de l'animal, mais de la mise en oeuvre de
bonnes conditions et de moyens adéquates: la compétence du chirurgien, un bon
matériel chirurgical, un bon anesthésiste et un personnel motivé et compétent" .