Stérilisation par voie scrotale
La technique par voie scrotale, qui n’a pas notre préférence mais qui est néanmoins utilisée avec succès par certains vétérinaires, impose une ouverture puis une suture indispensable de la gaine vaginale afin d’éviter les risques d’éventration à travers l’anneau inguinal qui est particulièrement large chez le cobaye.La castration par voie scrotale à testicule découvert sans suture de la gaine vaginale est formellement proscrite chez le cobaye, car elle s’accompagne invariablement d’une éventration.La technique par voie scrotale présente de nombreux autres inconvénients et elle peut entraîner de graves complications (voir encadré) si elle n’est pas parfaitement maitrisée
Mesures préopératoires
pas de diète particulière préalable, ou limitée au maximum à 2 ou 3 heures. La mise à la diète peut engendrer un arrêt de transit ou un état hypoglycémique. En pratique, il est conseillé de laisser à disposition simplement du foin et de l’eau le matin de l’intervention.Anesthésie
- analgésique morphinique une demi-heure avant intervention
- utilisation d’un tapis chauffant (non métallique) vivement conseillé, car le cobaye est sensible à l’hypothermie pendant et après l’intervention
- anesthésie gazeuse vivement conseillée : isoflurane ou sévoflurane en circuit ouvert, au masque
- monitoring cardiaque vivement conseillé
Durée de l'intervention
La durée de l'intervention proprement dite (de l'incision cutanée abdominale au dernier point de suture ) est d'environ 15 minutes pour un chirurgien expérimenté.Mais cette durée est de l'ordre de 30 minutes en moyenne si on prend en compte la préparation, la mise en route de l'anesthésie et les soins postopératoires immédiats.
Les avantages de la castration par voie abdominale
- Une seule incision cutanée donc une seule cicatrice
- Réduction des risques d’éventration postopératoire par absence d’incision au niveau de la membrane vaginale et de passage des anses intestinales au travers de l’anneau inguinal
- Réduction de la macération et des frottements de la cicatrice contre la litière
- Réduction de l’émission d’urine sur la cicatrice
- Absence de risque de contamination de la cicatrice par les crottes et les germes fécaux
- Réduction des risques d’infection
- Absence de traction sur le cordon testiculaire, donc absence de risque d’hémorragie du cordon
- Réduction du temps opératoire et du risque anesthésique
Exemple de complication d'une castration de cochon d'inde par voie scrotale
Infection postpératoire lors d'une intervention par voie scrotale.
Vue rapprochée.
Le pus provient du cordon testiculaire (funiculite de castration)
Après réouverture et parage chirurgical, la plaie apparait propre.
L'anesthésie
L’anesthésie est réalisée de préférence à l’aide de gaz anesthésiques (isoflurane ou sévoflurane) au masque. L’intubation trachéale est techniquement difficile chez le cochon d’Inde et elle peut difficilement être utilisée en routine. L’anesthésie fixe par voie injectable est possible en l’absence d’équipement anesthésique gazeux, mais elle présente beaucoup plus de risques de complications et de réveils plus longs. Une alternative efficace consiste aussi à réaliser une préanesthésie fixe (d’un produit possédant un antidote), et de la compléter par l’anesthésie gazeuse. Un nettoyage soigneux de la cavité buccale souvent encombrée de débris alimentaires doit être réalisé à l’induction de l’anesthésie pour éviter tout risque de fausse déglutition en cours d’anesthésie. Le cochon d’Inde vide souvent sa vessie à l’induction de l’anesthésie, ce qui implique de changer le champ opératoire avant l(intervention proprement dite.
Les soins postopératoires
Les soins postopératoires sont très importants.
- Le cobaye doit être impérativement réchauffé à la fin de l’intervention par des bouillotes ou mieux par une mise en cage chauffante, car il est très sensible à l’hypothermie.
- Il doit être réalimenté à plusieurs reprises le jour même dès lors qu’il est capable de déglutir. Il peut être rendu le soir même à ses propriétaires si sa température corporelle est normale (température >= 38°C) et si le transit digestif est rétabli (émission de crottes ). Si tel n'est pas le cas il doit être gardé en observation à la clinique.
Une hypothermie est toujours grave, elle se traduit par un manque de vigilance, une absence de réactivité, un décubitus latéral, des contractions musculaires et des mouvements désordonnés. Si tel est le cas, ce qui témoigne d’un problème anesthésique ou d’un défaut de surveillance postopératoire, le cobaye ne doit en aucun cas être rendu à son propriétaire.En conclusion la castration est une intervention qui doit être pratiquée par un praticien expérimenté ou bien informé.La castration par voie abdominale est à privilégier car elle présente de nombreux avantages par rapport à la voie scrotale qui peut amener de graves complications. Il en est de même pour les autres rongeurs (chinchilla, octodon, rat, gerbille , hamster ) pour lesquels la castration par voie abdominale est également vivement conseillée.Le protocole anesthésique, la surveillance et les soins postopératoires sont très importants pour que l'intervention se déroule dans de bonnes conditions.