La gestion du cobaye anorexique. Le point de vue du vétérinaire (Dr Boussarie)
I. Il est important de connaître les particularités biologiques et physiologiques
Particularités biologiques
Caractères anatomiques et morphologiques
- Poids adulte mâle : 500-1200 g
- Poids adulte femelle : 700-900 g
- Longueur du corps : 20-25 cm
- Surface corporelle :
- 400 g : 564 cm²
- 850 g : 720 cm²
- Formule dentaire :
I | 1 | C | 0 | PM | 1 | M | 3 | soit 20 dents. |
1 | 0 | 1 | 3 |
Dents lactéales remplacées avant la naissance .
Incisives hypsodontes ( à pousse continue, croissance 6 cm/an), Prémolaires et molaires également hypsodontes.
- 4 doigts aux membres antérieurs, 3 doigts aux membres postérieurs
- Formule vertébrale : 7C 13 ou 14T 6L 4S 4 à 7 Co . En moyenne 37 vertébres mais pas de queue visible.
Paramètres biologiques
- Mode de vie : activité continue, diurne et nocturne, avec alternance de courtes phases d’activité et de repos, d’importance égale, réparties sur l’ensemble du nycthemère. Quelques pics d’activité crépusculaires. Peu habile à grimper et à sauter. Ne ronge pas le bois et ne mord pas. Peu actif.
- Système social : Dans la nature colonies de 5 à 10 individus, actifs et craintifs, vivant en terriers.
- Cohabitation possible avec le lapin de compagnie. Chaque mâle délimite son territoire dans lequel il peut vivre en compagnie de plusieurs femelles et de jeunes.
- Comportement : Communication par marquage du territoire (glandes anales), odorat (odeur du nid), sifflements (=appels). Attitudes de contact, dominance, soumission, défense, réponse à un stimuli.
- Hibernation naturelle : non
- Consommation de nourriture : 60g/kg/jour
- Consommation d’eau : 100-200 ml/kg/jour
- Fréquence respiratoire : 90 (69 à 104)/mn
- Fréquence cardiaque : 275 (150à400)/mn
- Volume sanguin : 70-75ml/kg de poids
- Longévité moyenne : 4 à 8 ans
- Température corporelle : 37.5-39°
Particularités physiologiques
Physiologie digestive
Le cobaye est un herbivore strict, il pratique la coprophagie vraie (crottes d’origine coecale, pas de caecotrophes contrairement au lapin) ce qui lui permet de couvrir ses besoins en vitamines du groupe B et de maintenir une flore intestinale à peu près constante.
La capacité stomacale est de 15 à 25 ml.
Le caecum est volumineux, d’une capacité 8 à 10 fois supérieure à celle de l’estomac.
Le cobaye est prédisposé aux affections digestives en raison de la longueur de son intestin (2,5 m) et de la lenteur de son transit digestif qui peut durer une semaine, les aliments se superposant en couches successives.
Un apport suffisant de cellulose dans la ration est indispensable pour l’obtention d’un transit normal. La digestion de la cellulose s’effectue à la jonction iléo-coeco-colique grâce aux sécrétions biliaires et iléales.
Tout déséquilibre de la flore intestinale conduit à la multiplication de germes Gram – coliformes
La flore intestinale comporte :
- une flore dominante de Lactobacillus (aérobie, Gram +), et de Bacteroïdes (anaérobie, Gram -) en quantité variable
- une flore anaérobie en faible quantité constituée d’Escherichia coli et de façon facultative de Clostridium et de Streptococcus
II. Les effets du stress et de la douleur
Le cobaye est hypersensible au stress et à la douleur. L’adrénaline sécrétée :
- stimule la réduction de la filtration rénale
- favorise la formation des ulcères gastriques
L’activation inhibitrice du système sympathique provoque une diminution voire un arrêt de la motilité gastro-intestinale. Il en résulte :
- une stase gastrique
- une stase caecale et intestinale avec production de gaz. Ces gaz sont eux-mêmes générateurs de douleur, donc d’anorexie et de non-reprise du transit digestif
La réduction de l’apport de nourriture a rapidement de graves conséquences, surtout sur les sujets obèses :
- diarrhée : la diminution de l’apport de fluides et de nutriments entraîne des perturbations de la microflore caecale
- cétose : la diminution de la glycémie entraîne une lipolyse hépatique => production d’acides gras volatiles => oxydation => acidocétose => dépression, anorexie et mort
III. La gestion du cobaye anorexique est conditionnée principalement par 4 choses :
- la perte de poids : elle devient inquiétante si elle atteint plus de 30 % du poids du corps
- l’appréciation du transit digestif : un arrêt de transit complet est d’un mauvais pronostic, ainsi qu’une diarrhée rebelle aux thérapeutiques
- l’examen des urines montre la présence d’une cétose : PH acide, protéines ++, densité augmentée, corps cétoniques. Le pronostic est d’autant plus réservé que la cétose est importante
- l’examen bucco-dentaire : le pronostic est d’autant plus réservé qu’il y a un recul mandibulaire important et (ou) un pont dentaire des prémolaires supérieures au dessus de la langue, ainsi qu’une candidose buccale.
Ces éléments d’appréciation sont utilement complétés par :
- un examen de sang (glycémie, urée, créatinine, triglycérides, amylase )
- des clichés radiographiques buccodentaires et abdominaux
Il est préférable de conseiller l’euthanasie dans un cas très grave établi selon les critères ci-dessus, plutôt que de se lancer dans des soins inutiles et inefficaces et donner de faux espoirs aux propriétaires.
IV. Le traitement vise à :
- réhydrater pour relancer le transit digestif et la filtration rénale
- traiter l’hypovitaminose C
- traiter la lipidose hépatique et la cétose consécutive
- apporter des ferments lactiques : Lactobacillus
- stimuler la vidange gastrique et la motilité caecale
- traiter les entéropathies
- effectuer un parage dentaire si nécessaire
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