LES KYSTES OVARIENS
DES COCHONS D'INDE

par le Dr Didier BOUSSARIE
Mise à jour le

Il s’agit de la maladie endocrinienne la plus fréquente chez les femelles cochon d’Inde pubères. Les kystes ovariens apparaissent sur les femelles de plus d’un an. Selon plusieurs études, près de 75 % des femelles entre 1 an et 5 ans sont porteuses de kystes ovariens.
Les kystes ovariens peuvent également, mais moins fréquemment, s’observer chez les femelles gerbilles et hamsters

A quoi sont dus les kystes ovariens ?


Le terme kyste désigne d’une façon générale une cavité remplie de liquide et les kystes peuvent se développer n’importe où dans l’organisme. Les kystes ovariens sont donc des poches remplies de liquide qui se développent au niveau des ovaires..
L’origine des kystes ovariens n’est pas connue avec certitude chez le cochon d’Inde. La plupart des kystes ovariens sont dus à un dérèglement hormonal comme nous allons le voir plus loin, mais pas toujours. Une certitude par contre : ils sont très fréquents, surtout chez les femelles entre 2 et 4 ans.
Une femelle vivant seule peut être atteinte autant qu'une femelle reproductrice. Autrement dit, l'apparition des ovaires kystiques n'est pas liée à son statut de reproductrice.

Il existe 3 types de kystes ovariens

Les kystes séreux sont les plus fréquents (2/3 des cas). Des kystes folliculaires sont également observés (1/4 des cas) et plus rarement des kystes para-ovariens.
Les kystes mesurent entre 0,5 et 8 cm. Ils peuvent être unilatéraux (un seul côté) ou bilatéraux (des deux côtés), simples ou multiloculaires (compartimentés avec des cloisons).

Les deux ovaires sont le plus souvent touchés mais si l’atteinte est unilatérale, l’ovaire droit est concerné dans la grande majorité des cas.

La prévalence et la taille des kystes ovariens augmentent avec l’âge des femelles. Autrement dit, plus la femelle est âgée, plus les kystes auront des chances d’être volumineux.

Les kystes séreux se développent au cours du cycle œstral. Ils sont remplis d’un liquide séreux et ne sont pas sécrétants, ils ne répondent pas aux stimulations hormonales lutéinisantes. Inversement, les kystes folliculaires sont fonctionnels et sécrétants, ils répondent aux stimulations hormonales.
  • Les kystes ovariens sont souvent associés à d’autres affections de la sphère génitale liées aux désordres endocriniens. Ces affections se situent au niveau des ovaires (tumeurs ovariennes de la granulosa), de l’utérus (léiomyomes, hyperplasie kystique endométriale, mucomètre et endométrite) ou des mamelles.
  • Quels sont les symptômes ?

    Les signes cliniques sont variables et parfois absents, ils dépendent en fait de la taille et du type de kyste.

    Un inconfort par compression des organes avoisinants et une distension abdominale sont souvent observés.
    Une baisse de la fécondité après l’âge de 15 mois est notée chez les femelles reproductrices qui présentent des kystes ovariens.
    De l’abattement, un manque d’appétit, des vocalisations peuvent également être observés.
    Dans le cas des kystes fonctionnels, l’augmentation de la progestérone et des œstrogènes sanguins peut entraîner une alopécie (chute de poils) bilatérale symétrique non prurigineuse sur les flancs et la région lombo-sacrée (Photo), ainsi qu’une hyperkératose et une hypertrophie des mamelons (Photo). L’alopécie n’est présente que chez 5% des femelles cochons d’Inde présentant des kystes ovariens.
    allopecie cochonne
    Alopécie très avancée due aux kystes ovariens
    allopecie cochonne
    Alopécie diffuse discrète sur les flancs due aux kystes ovariens
    allopecie cochonne
    Alopécie complète au niveau des flancs
    allopecie cochonne
    Hypertrophie et hyperkératose des mamelons associées à des kystes ovariens

    Comment diagnostiquer les kystes ovariens ?

  • A l’examen clinique, une distension abdominale uni ou bilatérale est visible si les kystes sont volumineux et en se plaçant au-dessus de la femelle
  • des masses abdominales rétrocostales sont mises en évidence avec une palpation prudente en arrière des côtes. Cet examen doit être effectué par un vétérinaire averti en raison du risque de rupture du kyste ovarien qui peut entraîner des conséquences catastrophiques (péritonite, mort de la femelle)
  • des clichés radiographiques abdominaux permettent la mise en évidence de masses liquidiennes arrondies ou ovalaires en arrière des côtes. Néanmoins, le diagnostic des kystes ovariens est difficile à la radiographie. Il suppose un appareil de bonne qualité (numérique), des kystes de bonne taille et un opérateur expérimenté.
  • allopecie cochonne
  • l’examen de choix est l’échographie abdominale qui permet ainsi de faire la différence entre les kystes (contenu liquidien dit « anéchogène ») et les tumeurs ovariennes et de visualiser l’ensemble du tractus génital.
  • allopecie cochonne
  • une ponction des kystes sous anesthésie gazeuse, de préférence échoguidée, permet de recueillir du liquide kystique (Photo) et de confirmer le diagnostic.
  • ponction d'un kyste
    Ponction d'un kyste ovarien sous anesthésie
    ponction d'un kyste
    Contenu liquidien d'un kyste ovarien

    Quel traitement des kystes ovariens ?


    Le traitement de choix est chirurgical, il consiste en une ovario-hystérectomie. Il est conseillé de ne pas se limiter à une ovariectomie à cause des affections utérines associées. Comme pour toutes les autres interventions chirurgicales chez le cochon d’Inde, la gestion per et post-opératoire de la douleur (traitement analgésique) et les soins de soutien du transit digestif (alimentation assistée, fluidothérapie) sont indispensables. Suite à la chirurgie, le pronostic est très bon chez les femelles ne souffrant pas d’affection concomitante. Lors de kystes fonctionnels, une résolution de l’ensemble des signes cliniques (repousse des poils au niveau des flancs) est observée en quelques semaines. L’alopécie peut néanmoins persister exceptionnellement après la chirurgie.
    kyste ovarien
    Intervention chirugicale sur kyste ovarien

    L’efficacité des traitements médicaux hormonaux pour induire une lutéinisation ( blocage des sécrétions hormonales ) des follicules est limitée et une réponse (repousse des poils) n’est observée qu’en cas de kystes fonctionnels
    Si une chirurgie n’est pas réalisable, une gestion palliative des kystes est possible par la réalisation de ponctions échoguidées. Les ponctions sous anesthésie gazeuse de préférence devront être renouvelées régulièrement car les kystes peuvent récidiver rapidement. Il est préférable d’associer un traitement hormonal (gonadotrophine chorionique, analogue GnRH) mais sans garantie de résultat

    Quelle prévention des kystes ovariens ?


    Les implants hormonaux (acétate de desloréline, Suprelorin®) sont couramment utilisés aujourd’hui chez le furet (mâle ou femelle) pour réaliser une stérilisation chimique, très préférable à la stérilisation chirurgicale (risques de tumeur surrénalienne). Mais ils ne sont pas concluants chez la femelle cochon d‘Inde (ni même chez la rate)

    Par contre la stérilisation chirurgicale des cochons d’inde femelles (ovariectomie de préférence par le flanc) prévient les kystes ovariens et les affections utérines notamment néoplasiques (Voir stérilisation des femelles).